Le canal de Marseille
Un ouvrage majeur et discret
C’est à chaque fois, avec émotion, que je regarde le canal se faufiler quand je le croise lors de mes balades dans les collines. Je n’arrive pas à imaginer ce que serait devenue cette ville sans cet ouvrage majeur et si discret. C’est le sang de Marseille, la vie même !
En 1832 le choléra, arrivé du Bengale, frappe toute la France. Il a causé plus de 100.000 morts. Il réapparaîtra, en France, une dizaine de fois tout au long du 19ème siècle. Cette maladie diarrhéique va se répandre dans les milieux les plus insalubres où le manque d’hygiène est le plus fort.
C’est bien la situation de Marseille à cette époque.
La croissance démographique, la forte industrialisation, les sécheresses et la défaillance dans l’approvisionnement en eau font que la population vit avec un litre d’eau par jour et par habitant en 1834.
Suite à l’épidémie de 1834-1835 qui fera plus de 3000 morts à Marseille, le maire Maximin-Dominique Consolat, décide de construire un canal pour assainir la ville « quoi qu’il en coûte, quoi qu’il advienne ». L’ouvrage sera entièrement financé par la ville. Avec la contribution d’une ancienne taxe sur les farines et un emprunt de 10 millions de francs.
C’est le projet de l’ingénieur des ponts et chaussées, Franz Major de Montrichier qui sera retenu. Les travaux démarrent en 1839 et se terminent en 1854. Les eaux de la Durance arrivent à Saint Antoine en 1847.
Le canal a sa prise sur la Durance à hauteur de Pertuis. Il parcourt 80 kilomètres par le pays d’Aix avant d’arriver à Marseille. Ce projet comporte des difficultés titanesque d’adaptation au terrain. Il y sera construit 17 kilomètres de souterrains et 18 ponts aqueducs. Dont l ’incroyable aqueduc de Roquefavour qui franchit l’Arc. Haut de 83 mètres et long de 393 mètres. Autres 80 kilomètres de canaux arborescents parcourent le territoire marseillais.
C’est surtout par ses énormes bienfaits, que Marseille doit au canal sa prospérité. Il changera les conditions de vie des marseillais avec de l’eau courante dans chaque habitation (même s’il a fallu faire des ajustements). Il contribuera à la prospérité économique avec l’installation des moulins hydrauliques et l’apport d’eau pour les industries. Il a changé durablement le paysage : les collines arides se sont verdies, les plaines seront cultivées. L’agriculture et l’élevage se développent dans les campagnes alentour et permettent de nourrir la population. Des parcs publics et privés sont dessinés.
Aujourd’hui le canal de Marseille continue à fournir la ville en eau. Par son traitement à l’ozone, elle est une des meilleures eaux de France.On le croise de l’Estaque à Montredon. En passant par Sainte Marthe,
Saint Julien, La Treille, Mazargues…
Marcel Pagnol l’évoque dans ses souvenirs d’enfance.
Le palais Longchamp lui rend hommage.
Respect.
Lidia Salazar Diaz pour Provence Buissonnière