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Le Frioul, un ailleurs si près de chez nous
“Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux pour les voir.” M. Proust
Le rivage s’éloigne, nous sommes en mer, elles nous attendent… Des silhouettes blanches qui éblouissent, le bleu qui nous entoure, ça y est, nous sommes au bout du monde… à Marseille, dans le 7e arrondissement, sur les îles calcaires de l’archipel du Frioul.
Ces îles ce sont If, l’îlot Tiboulen, et les plus grandes, Pomègues et Ratonneau séparées par un bras de mer (le frieu en provençal) et réunies par la digue Berry depuis 1822.
Ces îles nous les voyons tous les jours, elles nous apparaissent plus ou moins éloignées du rivage en fonction du temps, on les confond parfois, on y est peut-être allé une fois.
Les amoureux de nature y trouvent un environnement exceptionnel et endémique, une nature sauvage et préservée où l’avifaune règne sur les lieux. Le Parc Naturel des Calanques protège le site considéré comme zone Natura 2000 par l’Union européenne.
Les amoureux de culture y découvrent un pan important de l’histoire marseillaise par l’usage sanitaire et militaire de ces îles : lieu naturel de refuge, de défense et d’isolement, les îles par leur position stratégique et le patrimoine bâti ont beaucoup de choses à raconter. L’hôpital Caroline ou l’ « hôpital du vent », sur l’île Ratonneau, le lazaret construit entre 1823 et 1828 et portant le nom de Caroline de Bourbon-Siciles, la duchesse de Berry… Berry comme la digue baptisée ainsi en hommage à son époux, sauvagement assassiné. Le fort de Brégantin, devenu propriété privée du designer et créateur Ora-ïto.
Ou encore le fameux château d’If, fortin et ensuite prison, construit par François 1er (1515-1531) reste un lieu légendaire ayant inspiré Alexandre Dumas : s’il est impossible que Edmond Dantès y fut pensionnaire, le Général Kléber en fut l’un des derniers prisonniers post mortem ! Un passé militaire pas si vieux que cela, car les îles ne sont la propriété de la ville de Marseille que depuis 1971. C’est à partir de ces années-là que va se développer, sur Ratonneau essentiellement, le centre habitatif, constructions privées et commerciales, formant la partie la plus urbanisée de l’archipel.
Pas besoin de fuir pour s’évader : des départs toutes les heures, trente minutes environ de traversée et le dépaysement est assuré. L’archipel est situé, à vol de gabian, à moins de 3 km au large du quartier d’Endoume, et à moins de 6 km du Vieux Port. Que l’on soit de ceux qui restent au port ou de ceux qui hissent les voiles, le temps d’une balade, il est possible de découvrir ces îles sous bien des perspectives grâce à des passionnés, comme Christian, dit le Belge du Frioul, qui contribuent à une meilleure connaissance et protection des lieux.
Sandrine Modolo pour Provence Buissonnière
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